Si les éducateurs ont toujours espéré «civiliser» les jeunes gens
par la fiction, ces derniers revendiquent une liberté de choix et de
jugement. La question des valeurs ne s'en pose pas moins, mais
les nouvelles formes de récit se veulent plus ouvertes, en donnant
l'occasion de les découvrir par soi-même et de les choisir.
D'autre part, la prétention de dire avec certitude où est le Mal a
été frappée de plein fouet par l'ère du soupçon. La réaction morale
n'en veille pas moins sous différents visages, mais elle apparaît en
décalage avec l'usage essentiellement récréatif qui est fait de ces
productions. Lecteurs et spectateurs en herbe continuent malgré
tout de puiser dans leurs loisirs culturels d'instructives leçons de vie.
Les diverses contributions ici rassemblées illustrent les paradoxes
liés à ces questions : ces récits forment-ils la jeunesse ou nous
informent-ils sur elle ? Et ne nous en disent-ils pas autant sur la
société des adultes ?