En contrôlant les élections, les caciques, par la pratique du clientélisme assuraient la fiction du bon fonctionnement du système politique de la Restauration espagnole (1875-1923).
Obstacle à la modernisation politique et à l'apprentissage démocratique des Espagnols, ce caciquisme alimenta l'antiparlementarisme et cette violence caractérisant l'histoire politique de l'Espagne contemporaine.
A travers notamment l'exceptionnelle correspondance privée de Pablo Turull, industriel et banquier, cacique de Sabadell (province de Barcelone), on comprend les ressorts de cette forme de domination politique: elle repose sur le clientélisme et le vote d'échange qui devient l'expression de la reconnaissance des électeurs envers un cacique; en retour, ce dernier les protège en principe d'un État prédateur, d'une administration incompétente et partisane, et d'une justice arbitraire et corrompue.
Les règles de ce jeu politique et social, la participation des élites catalanes au système dynastique de l'Espagne de la fin du XIXe sont d'autres thèmes abordés par cet ouvrage important pour l'histoire de l'Espagne contemporaine.