Dans l'histoire de la France, les femmes, et avant tout
les reines, ont souvent régné sur le coeur et l'esprit
de leur peuple, bien qu'elles n'aient pas toujours
exercé le pouvoir. Pendant quinze siècles, certaines
ont joué un rôle prépondérant en se montrant plus
lucides, plus préoccupées du bonheur de leurs sujets,
sinon plus attentives au rayonnement de la monarchie.
Si les rois ont fait la France, on peut dire que les reines
l'ont sans doute aimée davantage.
Quelle place, dans la Gaule du Ve siècle finissant,
une princesse pouvait-elle tenir ? Aucune, en principe,
dans un univers entièrement dominé par la
violence et la sauvagerie des hommes... Lorsque,
à vingt ans, Clotilde, princesse burgonde et catholique,
épargnée dans son enfance lors de l'assassinat
de ses parents, accepte d'épouser le jeune roi païen
des Francs, Clovis, elle est destinée à devenir le pion
docile d'une vaste stratégie diplomatique où des
souverains barbares ambitionnent de se tailler des
royaumes. Mais elle refuse de jouer ce rôle. Restée
fidèle au catholicisme, elle devient l'alliée de l'Église
et conduit, malgré les épreuves, son époux à la foi
de Rome, décidant ainsi du destin de la France.
Veuve à trente-cinq ans, elle est confrontée aux
haines, rivalités et meurtres qui minent sa famille.
Elle se retire dans un monastère de Tours où elle finit
sa vie, en 545, dépouillée de toute vanité terrestre.