Les premières œuvres de Ronsard sont le creuset d’une poétique de l’émerveillement. Elle se fonde sur le rêve de la gloire dévolue à ce qui est neuf et luxueux et sur la certitude que la parole étonnante et somptueuse ouvre à la perception des mystères et des beautés de l’univers. C’est ainsi que, bien avant la fin du siècle, se dessine déjà une poétique de la merveille. Grâce au pouvoir enrichissant des mots, le poète multiplie la force émotive des objets qu’il chante. Pour ceux qui savent voir et entendre, la réalité est magnifiée par le faste de la parole et le poème lui-même, comme miroir du monde et comme œuvre d’art, suscite l’admiration éblouie. La composition et la sensibilité poétiques du poète et des lecteurs se rejoignent dans la complicité d’une élite cultivée et passionnée qui fait de l’émerveillement la pierre de touche de la grandeur humaine.