Comment la confiance vient aux princes
Les rencontres princières en Europe 1494-1788
La Renaissance est le temps des rencontres shakespeariennes. Personne n'a oublié l'entrevue de Montereau où le duc de Bourgogne fut assassiné (1419) ni celle de Péronne où le roi de France fut capturé (1468) : le terme « rencontre » a alors une signification militaire qui baigne dans l'incertain. Les princes hésitent à se voir et plus encore à se recevoir. Le manque de confiance pèse bien plus que les embarras linguistiques, religieux et culturels dans l'organisation de tels sommets.
Et pourtant, malgré l'essor du gouvernement par lettres et des ambassades en résidence permanente, les princes n'ont jamais renoncé à se fréquenter à l'âge moderne : l'empereur Joseph II n'hésite pas à se rendre en petit équipage en Crimée en 1787 pour visiter la tsarine Catherine II. Par quels moyens cette défiance a-t-elle été surmontée ? C'est interroger l'hospitalité et le cérémonial dans la construction d'une société de confiance.
Fondée sur une enquête qui a mis au jour 3 344 entrevues entre princes régnants, leurs enfants et leurs épouses, cette promenade inédite dans l'histoire du continent montre comment les puissants rivalisent de magnificence, exhibent leur force et assouvissent un besoin aigu de reconnaissance. Mais cette cosmopolitesse engendre-t-elle une cosmopolitique, à l'heure où les sentiments nationaux se renforcent ?