2021/2022, deux années anniversaire, naissance et mort de Marcel Proust. Assez pour déclencher une avalanche de louanges, de témoignages de passion, un tsunami hagiographique dans lequel aucune ombre de critique ne s'est faufilée. Il était temps de faire entendre une autre voix. Ce livre, fausse note dans le concert d'éloges, ambitionne d'attirer l'attention sur ce qui malgré tout résiste à l'enthousiasme à la lecture de la Recherche. Comme tant d'autres, l'auteur a été pris en otage, mais n'a pas pour autant renoncé à sa lucidité.
« Malheureusement, ou pas, quelques jours après avoir entrepris ce portrait à charge d'À la Recherche du temps perdu, je suis revenue pour la quatrième fois au début et me suis trouvée submergée d'émotion à voir que les personnages fréquentés au fil des pages se trouvaient déjà là en germe et que ces quelque trois mille pages avaient été écrites pour leur restituer une vie que l'auteur et donc le narrateur connaissaient dès le début, et que le fameux écheveau avait finalement une tète et une queue. Mais je m'y résous tout de même, suivant en cela le conseil de Talleyrand, « Méfiez-vous du premier mouvement, c'est toujours le bon »