Compter et classer
Histoire des recensements américains
Le recensement se limite-t-il à une enquête démographique ou constitue-t-il aussi un acte politique ? Pourquoi une même personne peut-elle être classée comme noire en 1900, mulatto en 1910, puis blanche en 1920 ?
L'histoire des catégories utilisées par les recensements américains renvoie à celle d'un pays dont l'identité est intimement liée à une interrogation continue sur la composition même de sa population, aux contours très mouvants. Esclavage, immigration et classifications raciales sont autant de lignes de fracture de la société américaine qui traversent le recensement.
En retraçant les évolutions des catégories pour compter et classer la population des États-Unis de 1790 à 1940, Paul Schor s'interroge sur le rôle mais aussi sur les enjeux politiques et sociaux des statistiques démographiques. Loin d'être seulement un reflet de la société ou un simple instrument du pouvoir, les recensements sont en réalité l'objet de négociations complexes entre l'État, les experts et la population elle-même.
Au-delà des statistiques raciales ou ethniques, l'histoire du recensement pose donc la question de ce qu'est une catégorie et comment elle s'incarne dans une société particulière, les États-Unis d'Amérique.