La possibilité que quelqu'un transforme une conférence en
confidence m'a toujours intrigué. Jusqu'à quel point maîtrise-t-on
les mots que l'on prononce ? Comme pour un acteur, le conférencier
peut oublier ses discours ou succomber à la tentation de révéler
quelque chose de gênant ou de dévastateur.
Conférence sur la pluie émerge de ces prédicats. Les étourderies du
protagoniste s'inscrivent dans une longue tradition littéraire de la
digression, c'est-à-dire, dans l'art distrait de dire une chose pour
en dire une autre. Au XVIIIe siècle, Laurence Stern a écrit le chef-d'oeuvre
du genre avec Tristram Shandy, un roman monumental dont
le sujet est le changement de sujet (...). Cet antécédent et d'autres
m'ont incité à combiner les étourderies mentales et les prédicats
amoureux du protagoniste avec une dissertation sur un sujet
cardinal de la littérature : la relation entre la pluie et la poésie.
Ce qui m'intéressait, c'était que la confession intime serve de
support à l'exposé littéraire, mais de manière insolite.