La vie ne coulait pas comme un long fleuve tranquille dans les campagnes du pays catalan au XVIIIe siècle. De puissantes bandes armées de contrebandiers sillonnaient le pays en narguant ou en fusillant les gabelous. Les bûcherons des montagnes exploitaient volontiers les bois des voisins, les bergers transgressaient les frontières communales et les villages défendaient avec âpreté leur terroir et l'honneur du clocher contre les «étrangers» dans des empoignades qui ne sont pas sans points communs avec les défis et les affrontements contemporains de banlieue à banlieue, de quartier à quartier, car la construction symbolique de l'identité repose toujours sur une revendication de souveraineté territoriale.