Qu'on le déplore ou non, le secret de l'instruction est violé tous les jours. Qu'on s'en réjouisse ou non, les grands appareils d'Etat lèvent le voile, ouvrent leurs portes. Dans notre République, une forteresse, la dernière, garde le pont-levis très haut, et fait du secret la vertu suprême. C'est la machine fiscale. Elle nous concerne tous, par l'argent qu'elle nous réclame et par l'argent qu'elle procure à la collectivité.
Enquêteurs acharnés, Eric Merlen et Frédéric Ploquin n'ont pas voulu écrire un pamphlet contre l'impôt. Leur projet est autrement ambitieux et civique : explorer de fond en comble cette forteresse opaque. Du simple contrôleur au ministre en exercice et à ses devanciers, du modeste exécutant au «cow-boy» de la traque fiscale, ils ont interrogé quelque 400 témoins.
Nous découvrons comment cela marche, comment s'enclenche une vérification, comment un logiciel souligne en rouge le nom d'un contribuable.
Nous découvrons un extraordinaire service de renseignements, le plus puissant de France, le plus ramifié, avec ses limiers et ses indics, ses intuitions et ses obsessions.
Nous découvrons de quelle manière les pouvoirs successifs utilisent ou ont utilisé «l'arme fiscale», outil de dissuasion ou de rétorsion.
Pour la première fois, les professionnels du fisc parlent librement, honnêtement. Et nous disent que, tous, nous sommes cernés.