D'albâtre, la mousse immaculée d'un nuage naufrage le souvenir - oui, naufragé, le souvenir, telle vaine la pierre appelant l'autrefois, avances-tu, Poète - alors qu'une enfance s'agite dans les abîmes de l'Image.
(D'après Cl. C.)
Crépuscules : Une unique phrase court sur une trentaine de pages, reliant l'enfance avec ses bonheurs, ses peines, ses rêves, à cette période que certains appellent le grand âge, moment de sérénité où le futur s'achemine vers un passé définitif.
Le tout dans le souvenir lumineux du Coup de dés de Mallarmé (Cl. C.)
Ce livre est l'ouvrage d'un lettré.
Claude Cailleau est de la race des vrais écrivains, ceux qui ne visent pas le succès, mais cherchent l'absolu.
Qu'on y songe ! Quel projet suranné, et quel défi lancé à la face de l'immédiatisme contemporain ! Renouer, sous l'égide de Mallarmé, avec une prose poétique et subtile, attentive à sa chair, à sa sensualité de phrase musicale, et à sa chorégraphie picturale ! Tout est passionnant dans les choix de l'auteur : la typographie et la disposition visuelle, la ponctuation, le lexique, parfois archaïquement révérenciel (telle vaine), la syntaxe, annexée par le dire poétique.
Une respiration, tantôt pressée, tantôt alentie, tantôt suspendue rythme l'unique phrase. Le long serpentin inexorable de la vie ainsi se déroule, se réenroule, et, sans concessions aux facilités vulgaires, nous émeut, nous effleure, en profondeur, car l'émotion, ici, a la touche délicate, et frémissante, de l'essentiel.
Ce livre est l'oeuvre d'un Poète.
J. H.