«La loi morale est sainte (inviolable). L'homme est
sans doute très éloigné de la sainteté, mais il faut que
l'humanité dans sa personne soit sainte pour lui. Dans
la création tout entière, tout ce que l'on veut, et ce sur
quoi on a quelque pouvoir, peut aussi être employé
simplement comme moyen ; l'homme seul, et avec lui
toute créature raisonnable, est fin en soi-même. Il est,
en effet, grâce à l'autonomie de sa liberté, le sujet de
la loi morale, laquelle est sainte. C'est précisément en
raison de cette liberté que toute volonté, même la
volonté propre à chaque personne et dirigée sur elle-même,
est bornée par la condition de l'accord avec
l'autonomie de l'être raisonnable, à savoir de ne le
soumettre à aucune intention qui ne serait pas
possible suivant une loi pouvant trouver sa source
dans le sujet même qui pâtit, et donc de ne l'utiliser
jamais simplement comme moyen, mais en même
temps en lui-même comme une fin. Cette condition,
à bon droit, s'impose, pour nous, même à la volonté
divine relativement aux êtres raisonnables dans le
monde, en tant qu'il s'agit de ses créatures, parce
qu'elle repose sur la personnalité de ceux-ci, par
laquelle seule ils sont des fins en soi.»
Kant