Cet ouvrage réunit quatorze contributions d’auteurs ayant participé au colloque intitulé « Mouvements culturels et littéraires et revues. Propagande et militantisme : océan Indien et Europe (XIXe et XXe siècles) » qui s’est tenu à l’Université de Saint-Denis de La Réunion en octobre 2018.
Porté par des chercheurs en littérature et en sciences humaines et sociales, il propose de cartographier un monde culturel fondé sur des pratiques sociales éphémères ou plus longues, que dévoile une archive coloniale et post-coloniale européenne et indianocéanique. Les textes produits, les revues publiées, les photographies, l’iconographie, les chansons (notamment à Maurice) ou encore les propos des acteurs de l’époque font apparaître des discours – y compris religieux – de persuasion politique appartenant au genre de la propagande ou de la contre-propagande.
La seule période 1840-1848 est passionnante quant aux débats existant sur le territoire réunionnais autour de l’abolition de l’esclavage, de la défense des Noirs, de la mise en place de l’engagisme dès les années 1830 (Courrier de Saint-Paul). Elle laisse ainsi voir comment la littérature (fiction, poésie, essais, spectacles) s’engage et peut être instrumentalisée face aux combats. De même, durant les décennies 1960 et 1970, les productions de titres militants, prolixes à La Réunion comme en métropole, révèlent une contre-culture qui vise à débattre librement des questions politiques autour du statut, de l’identité ou des langues de ces territoires insulaires.
L’analyse de la circulation de ces contre-discours au sein d’une chaîne de production et de diffusion enfin, apporte des éclairages sur la façon dont se forme, d’un point de vue communicationnel, un espace public indianocéanique. Elle montre alors que les différents pouvoirs en place, malgré de virulentes tentatives de contrôle, ne parviennent jamais à en dompter véritablement l’expression revendicative.