On parle volontiers en danse et en philosophie de construction et de déconstruction : écrire et chorégraphier, c'est en un sens construire. Ce livre a pour ambition de préciser l'idée de construction et de la confronter à l'élaboration concrète de la pensée et de la danse, à travers l'analyse d'expériences singulières, notamment de chorégraphes contemporains.
Cette analyse passe par une réflexion sur le rôle de la construction dans l'architecture moderne : il s'agit de penser en quoi une construction ne relève pas nécessairement d'une démarche constructiviste et systématique, mais accorde plutôt au détail toute son importance. C'est à partir de l'oeuvre de Benjamin que l'on peut le mieux comprendre comment l'écriture philosophique peut être construite sans être systématique, et comment la construction en architecture, en danse, en poésie, peut être rigoureuse, précise, et prendre en compte les rythmes et les inflexions de la sensibilité et du corps.
Une philosophie en acte est une philosophie qui, à l'instar de la construction en architecture, s'élabore en relation à l'expérience sensible, s'y confronte, y ajuste les idées, l'écriture, en vue de transformer l'expérience. Le philosophe trouve alors dans la danse « matière à penser », une expérience de la pensée aussi bien familière qu'étrangère, étrangement familière.