La Guyane française est étrangement absente du clan de la «francophonie». Elle l'est tout autant de celui de la «créolité», alors que le premier roman écrit en créole est l'œuvre d'un Guyanais.
Il faut donc enquêter le long des «traces-mémoires» de la Guyane : suivre une inscription à moitié effacée à même la terre, le mur du bagne, la page jaunie ; écouter l'écho lointain du son proféré au temps d'avant celui du souvenir conscient ; suivre la voie de la trace écrite et la voix des ondes sonores que le caillou littéraire lancé répercute là-bas, dans le grand espace de ce territoire sud-américain.
Dépister les «marronnages» dans les dits et les textes : lire comment le texte guyanais, puis antillais, travaille l'écrit de l'intérieur, lui donne une dynamique subversive, pousse l'élan littéraire dans ses retranchements, fait résonner d'autres langues (orales) au sein même de la langue écrite, pour enfin résister à l'injonction du sens giratoire officiel : on ne tourne plus autour de la France, on s'en distancie, on tente même d'en détourner le sens.