De la mémoire se détachent des souvenirs. Ceux de films notamment, grains mouvants sur une surface blanche morte sans eux, parmi lesquels, en premier lieu, Souvenirs de la maison jaune de João César Monteiro, d'où, il va sans dire, provient le titre de ce livre.
Ils auront été nombreux, ces films vus au cinéma Le Miroir, salle sise alors, avant sa fermeture en juin 2007, à la Vieille Charité, édifiée au XVIIe siècle au coeur du quartier du Panier à Marseille, où sur un édit royal on commença d'enfermer pauvres et mendiants de la ville.
Auprès du cinéaste portugais, auquel l'auteur prête des pensées qu'il s'imagine avoir été les siennes, suivant le Pedigree de Simenon où « tout est vrai, mais rien n'est exact », et auquel fait écho, déformé, le « je ne mens jamais, seulement je ne dis pas tout » de Lacan, auprès de lui donc se côtoient bien d'autres cinéastes (Frank Borzage, Jacques Tourneur, Jean-Daniel Pollet, Jean-Luc Godard, John Ford, pour ne citer qu'eux), mais aussi des peintres (dont Cézanne), des écrivains (dont Simenon), des personnages (dont Désiré Mamelin), qui d'être de fiction ne touchent pas moins au réel.
Soit, autant de voix, d'êtres fantomatiques croisés au détour d'un passage, ainsi rendus palpables comme « par les ailes tactiles des oiseaux, par la brume qui descend des montagnes, par le changement de régime du sang. »