Non seulement les Jacobins de Paris veulent faire disparaître la
Bretagne de la carte française, bafouant, bien plus que le pouvoir royal,
les engagements de 1532, mais, décision plus grave, ils s'aliènent la
majorité de la population en s'attaquant à ce qu'elle avait de plus cher,
la religion catholique. S'ensuivent des troubles, des massacres et des
révoltes comme une chouannerie très spécifique, sans rapport avec les
guerres de Vendée. Le Concordat de 1801 rétablit la paix mais le pays
sort exsangue de ces luttes. Il va désormais, lentement, se laisser intégrer
dans l'ensemble français au mépris de son identité culturelle et
de ses traditions. Son lourd tribut en vies humaines, pendant la guerre
de 1914-1918, n'est même pas reconnu par la nation.
C'est sous la Troisième République que l'esprit nationaliste connaît
soudain un regain vigoureux. Plus radical, volontiers séparatiste, il se
structure à partir de 1920, atteignant son paroxysme sous l'occupation
allemande, de 1940 à 1944. Les séquelles en sont innombrables et
chaotiques mais il faut attendre 1968 pour que renaissent la Bretagne et
son droit à une existence spécifique au sein de la communauté française.