La maladie, qu'elle soit chronique ou aiguë, est souvent perçue comme une
injustice ou une malédiction. La philosophie de Spinoza, parce «qu'elle enseigne
comment nous devons nous comporter à l'égard des choses de fortune», peut donc
être considérée comme la source d'une sagesse dont la vertu serait de vaincre ces
représentations qui ne font qu'ajouter une souffrance inutile aux douleurs que
nous impose le plus souvent la maladie.
Spinoza, qui fut lui-même malade une grande partie de sa vie, n'en est pas moins
parvenu, selon ses biographes, à rédiger son Éthique et à vivre courageusement
et sereinement sa condition. Il est la preuve par l'exemple que la maladie n'est
pas nécessairement un obstacle sur la voie qui mène au salut. Ce travail tente de
montrer en quoi sa philosophie n'est pas étrangère à une telle attitude.
L'esprit étant pour Spinoza «l'idée du corps», il faudrait pour progresser vers
une appréhension plus sereine de la maladie, qu'il se constitue comme une idée
adéquate. Or, le malade peut-il penser l'idée de son corps comme une idée claire
et distincte ? Cette question est au centre de ce travail qui cherche à proposer, tant
aux malades qu'à ceux qui les prennent en charge, des pistes de réflexion pour
mieux vivre la maladie et pour mieux accompagner ceux qui en souffrent.