Forme narrative brève, la nouvelle apparaît dans l'indétermination de ses origines. L'histoire littéraire en fait un ancêtre du répertoire médiéval (lai, fabliau, exemplum, etc.) et un précurseur de la Renaissance (italienne puis française). Longtemps rattachée au Décaméron de Boccace, la nouvelle occupe encore aujourd'hui une place ambiguë. Les Cent Nouvelles Nouvelles, vers 1462, la proclament comme un genre français ; mais il faut attendre la deuxième moitié du XVIe siècle pour qu'on lui reconnaisse, avec Marguerite de Navarre, ses lettres de noblesse. Pourtant, qu'elle se nomme arrêt, enseignement, joie, évangile ou facétie, la nouvelle se constitue au Moyen Âge comme genre. C'est par la forme du recueil qu'elle se définit comme le média du mouvement, faisant retour sur « la circulation de l'information » de son sens commun. Dépassant la division du narratif et du didactique pour viser la polyphonie, le recueil est une matrice. Il engendre, par la fiction de l'oral, la lettre vive. Il s'image comme chair pour renouveler le verbe poétique. Il substitue au « passer le temps » de la déploration, le passe-temps d'un pacte ludique qui engage le lecteur vers une esthétique de la participation. Genre du mouvement, c'est bien la « transition » entre le Moyen Âge et la Renaissance qu'engage la nouvelle par une naissance devenue, pour la littérature, fondation.