«Quartiers sensibles», «bandes de jeunes», «insécurité»... de quoi parle-t-on en utilisant ces catégories qui semblent aller de soi ? Qui sont ces «jeunes» au centre des débats tout comme de l'attention judiciaire ? Quels liens existent entre «bandes» et comportements délinquants de certains de leurs membres ? Comment se développe cette délinquance ? Comment en sort-on ? Quel est le rôle de la famille, des pairs, du quartier ? Quels sont les effets de la prise en charge judiciaire de ces jeunes sur leur itinéraire ?
La reconstitution de l'histoire de vie de jeunes ayant tous appartenu à une même bande, l'étude approfondie de leurs parcours, permettent non seulement d'identifier des mécanismes de production et de reproduction de la délinquance juvénile mais aussi de repérer des contextes favorables au changement. L'auteure choisit de présenter trois itinéraires qui constituent des parcours typiques de l'évolution d'adolescents issus de quartiers dits «difficiles» et ayant eu affaire à la justice : celui de la délinquance persistante, celui de la marginalité assistée et enfin celui de l'insertion socio-professionnelle.
Le choix d'une telle approche amène à placer au centre de l'analyse les jeunes «délinquants», leur famille et leur environnement. Il conduit ainsi à s'écarter de l'orientation traditionnelle d'une grande partie de la recherche qui s'intéresse davantage au système de prise en charge qu'aux populations judiciarisées. Cette perspective permet par ailleurs d'éclairer le rôle de grandes instances de socialisation que sont l'école et le travail dans la constitution de ces parcours tout en observant les effets du travail social.