
Demifous et demiresponsables
Les questions de la sanction et du « traitement » de la criminalité, appréciées à l'aune de la récidive, sont d'une brûlante actualité. Les débats sécuritaires passionnés d'aujourd'hui font cependant largement suite à ceux du début du siècle dernier sur les mesures de protection sociale contre les délits majeurs et sur le bien-fondé et l'efficacité des peines infligées. Les psychiatres s'affrontaient déjà sur la place de l'expertise mentale dans la décision judiciaire et sur le risque d'une confusion des rôles.
J. Grasset fait ici figure emblématique pour s'être essayé à établir une notion médicale (physiopathologique ou psychophysiologique) de la responsabilité dégagée de tout jugement moral ou implication métaphysique, et s'être fait le porte-parole des partisans de la responsabilité atténuée ou limitée des « demi-fous ». Dû à Lacassagne, ce terme d'époque qui fit florès, connotait diverses « anomalies » comprenant les déséquilibres ou dysharmonies psychiques, les « excentricités », la dipsomanie, la perversité par agénésie morale, les limitations intellectuelles et autres « états frontières » de la folie. D'où l'exigence d'un examen psychologique approfondi de la personnalité ; la demande de création de Services spéciaux, associant une dimension de prise en charge curative et éducative à la détention des déviants antisociaux ; enfin la nécessité affirmée de l'inscription dans la Loi de l'obligation de surveillance et de suivi thérapeutique à la sortie. Ainsi découvre-t-on, en langage daté, des propositions pérennes.
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