Dépression et démence ne seraient-elles qu’une seule maladie, comme le double visage de Janus, qu’Ovide identifiait au Chaos ? Longtemps présentées comme un diagnostic différentiel à envisager lors des troubles mnésiques débutants, ces deux affections intriquées demeurent une énigme pour le corps médical confronté au déclin de la personne âgée. Égarant le diagnostic, leur étiopathogénie demeure incertaine à plus d’un égard. Sont-elles des sœurs siamoises issues d’une pathologie organique unique préexistante ou la conséquence l’une de l’autre : la détresse du dément qui prend conscience de son invalidité ou la dépression à ce point déstructurante qu’elle débouche sur la folie ? Les arguments pour chacune de ces hypothèses seront avancés avec toutes les précautions d’usage, sans prétendre imposer au lecteur une réponse univoque à la fi n du parcours.