On ne sait d'où vient la pression, mais elle est bien là : faire sa vie, c'est avoir un enfant. L'enfant est devenu un bien, qu'il convient de posséder pour être heureux - entendons normal. Et de même qu'il faudrait trouver le moyen de rajeunir au lieu de vieillir, que nous ne soyons plus jamais malades mais tous beaux, il faudrait que j'aie un enfant quand je le veux.
Devant cette «urgence», la biologie et la médecine de la reproduction font en sorte que ceux qui ne peuvent concevoir deviennent cependant parents. Mais suffit-il d'avoir un enfant pour être parent ? Au fond, qu'est-ce que le désir d'enfant ? Et qu'en est-il de ce projet parental dont on ne cesse de nous parler ?
Dans ces débats sur les nouvelles familles, monoparentales, homoparentales, et bientôt clonées qui sait, dans ce remue-ménage, il semble qu'il y ait de grands absents : les enfants et leur équilibre. Qui dit - ou qui entend - ce qu'est un enfant, un enfant qui vient au monde ici et maintenant, pas un enfant sénoufo ou de la Rome de César, pas un enfant de Gattaca ou de La Guerre du feu ? Et que sait-on de la souffrance des enfants et de leurs capacités, si volontiers invoquées aujourd'hui, de résilience ?