Essai d'ethnobotanique comparative Afrique-Brésil
Dans le foisonnement des cultes de possession afro-brésiliens, deux grandes tendances religieuses se font jour, différant par leur motivation et leur idéologie : l'umbanda syncrétique, à tendance universaliste, et le candomblé «africanisant» qui crée un espace fédérateur pour les Noirs brésiliens. Ces différences n'empêchent pas une profonde affinité résidant dans la croyance en l'existence de forces spirituelles émanant de la nature. La sacralisation de certains sites naturels a une incidence sur la biodiversité végétale : conservation de la flore autochtone d'une part, et, de l'autre, introduction de plantes rituelles étrangères à l'écosystème local.
D'après les concepts afro-brésiliens, tous les éléments de l'univers, les plantes en particulier, sont répartis selon une logique analogique entre les orixás, divinités yoruba originaires du Nigeria. L'analyse du système classificatoire des plantes montre comment les classifications africaines se renouvellent, absorbent les connaissances d'autres cultures, s'adaptent à l'environnement moderne urbain et lusophone du Brésil.
Enfin, une vaste étude comparative des plantes utilisées dans le culte des orixás, de part et d'autre de l'océan, permet d'évaluer comment le peuple yoruba, déraciné au XIXe siècle, s'est adapté à la flore du Nouveau Monde. Malgré une perte quantitative au Brésil de 90 % du corpus végétal traditionnel yoruba, deux aspects principaux apparaissent : une tendance conservatrice, qui se manifeste dans la volonté de retrouver au Nouveau Monde les mêmes plantes qu'en Afrique, et un aspect innovateur, qui se traduit dans l'adoption de nouvelles espèces inconnues en Afrique.