L'intellectuel ambitieux, disait Diderot, «c'est un être qui se plaît à méditer ; c'est un sage ou un fou, comme il vous plaira, qui fait un cas infini de la louange de ses semblables et qui tente une grande découverte pour se faire un grand nom, et éclipser par son éclat celui de ses rivaux, l'unique et le dernier terme de son désir».
Au XVIIIe siècle, l'éloge de ses pairs ne suffit plus. La naissance d'une opinion éclairée que l'on veut séduire modifie la donne. Désirs de gloire, quête des honneurs, volonté de pouvoir, telles sont les grandes passions qui agitent nombre d'intellectuels depuis le siècle des Lumières, lequel voit se développer la puissance de la presse et, avec elle, le tourment de la célébrité.
Philosophe, observatrice de l'évolution des mentalités et des mœurs, Elisabeth Badinter ouvre ici le premier volet d'une fresque sur ces passions intellectuelles qui sont toujours les nôtres.