Dans le tout premier poème, une femme apparaît, illuminant la nuit, une femme qui symbolise à la fois l'amour et la beauté. Destin sous le soleil est une célébration, une lente avancée, une ascension par divers chemins vers cette beauté promise : celle des corps, de la musique, de la poésie aussi bien sûr - la poésie qui se prend elle-même pour sujet. Les thèmes prolifèrent, s'entrelacent et souvent s'organisent en couples d'opposés : ombre et lumière, pluie et soleil, terre et eau, nature et homme, mort et vie, nuit et jour. À l'image de tous ces poèmes - ou de ce poème, si l'on considère que tous n'en forment qu'un -, le titre, à la fois lumineux et obscur, interroge. Il vient d'une expression courante en grec : ne pas avoir de destin au soleil, c'est-à-dire être malchanceux, malheureux. Expression ici retournée, devenue symbole d'espoir.
C'est là une poésie-rituel. Un mystère. La langue entendue ici n'est pas celle du quotidien, mais une sorte de langue sacrée, dont la lenteur permet de mieux goûter le miel des allitérations. La splendeur, dans Destin sous le soleil, c'est aussi la musique des mots.