Angélique est le premier roman, écrit vers 1920, inachevé et posthume, de Giono. On y décèle l'ébauche des stratégies du désir grâce auxquelles l'écrivain tentera par la suite de dépasser la contradiction entre la « perte », l'aspiration de l'individu à se perdre dans le monde maternel, cycle continu de métamorphoses émettant le « chant du monde », et l'« avarice », instinct de conservation qui le pousse à sauvegarder son intégrité par une conversion de cette pulsion centrifuge en une parole démiurgique créatrice d'un contre-monde. Le motif récurrent de la fleur offre, par son symbolisme, la possibilité d'explorer, au long du cheminement initiatique du héros au prénom féminin, les moyens d'une résolution dialectique de la contradiction.