Les manuscrits des œuvres de Christine de Pizan (1365 ?-1430 ?) produits sous le contrôle de l’auteur prouvent que, dès le Moyen Âge, la présentation des copies est fondamentale pour interpréter et classer les textes littéraires. Quelle pensée et quelles pratiques de la création ces copies révèlent-elles ? Quelle relation la mise en livre des manuscrits entretient-elle avec les genres littéraires ? Cette relation change-t-elle d’un ouvrage, d’un sujet, d’une campagne de diffusion à l’autre ? Que reste-t-il de cette esthétique dans les copies réalisées après la mort de l’auteur ou hors de son contrôle ? En réponse à ces questions importantes et exigeantes, cette étude propose une synthèse à la fois codicologique et littéraire de l’œuvre de Christine de Pizan, et tout particulièrement de ses dits, ses livres en prose et sa Mutacion de fortune. Elle conjoint les outils de la codicologie, de la philologie, de l’histoire et de la théorie littéraires, de la narratologie, de la stylistique et de la philosophie. Y sont analysés les témoins médiévaux mais aussi diverses éditions, ouvrages d’éducation et créations littéraires qui ont revisité l’œuvre du xvie au xxie siècle. L’objectif est double : reconstruire les techniques créatives d’un écrivain-éditeur tout en retraçant leurs réceptions possibles et modéliser une théorie de la mise en livre applicable à d’autres corpus manuscrits.