Si la littérature a désormais un devenir de plus en plus
elliptique, marginal, dans et hors les amphis universitaires
et les tours de contrôle du pouvoir éditorial, la chaloupe de
la poésie navigue sur des mers encore plus mystérieuses et
oubliées, ou peut-être - nous pouvons l'espérer - inexplorées.
Mais je crois que le pouvoir particulier de la parole poétique
dépend avant tout du fait qu'elle est aussi marginale, aussi
exilée, aussi hors jeu, aussi inutile et aussi invisible. C'est
précisément à cause de cela qu'elle sait voir et sait écouter ; et
quand elle parle, elle le fait d'en bas, à partir d'une expérience
quotidienne commune et partagée.
Fabio Pusterla