Le droit d'ingérence fait une entrée triomphante
sur la scène planétaire au début des années 1990.
Désormais la communauté internationale doit aller
au secours de toute population frappée par une
catastrophe naturelle ou en butte à la répression
politique.
Pourtant, les désillusions s'enchaînent immédiatement.
Même conçue dans une perspective
humanitaire, l'ingérence s'organise toujours autour
d'États inégaux. Engagée dans la reconstruction de
sociétés, elle est vouée à laisser bien des chantiers
inachevés : Cambodge, Haïti, Afghanistan...
Les plus puissants continuent d'exercer leur
ingérence impériale, la Russie dans le Caucase, les
États-Unis au Moyen-Orient, et toute ingérence,
déchaînant des forces qui lui échappent, se révèle
être un piège.
Alors comment penser le droit d'ingérence dans
un monde globalisé et démocratique ? Porté par le
développement des solidarités transnationales, il
bute contre les inégalités structurelles du système
mondial. Il n'y a pas un droit mais des droits d'ingérence.