Le présent ouvrage interroge et mesure la pertinence de la solution apportée par le Logos de Plotin et par le Logos de saint Jean au problème métaphysique de la séparation entre différents niveaux de réalités (le sensible et l'intelligible, la terre et le ciel, les hommes et Dieu) rencontré par tout système philosophique et théologique vertical supposant une transcendance. Quelle est tout d'abord la portée philosophique et platonicienne de la critique que Plotin adresse aux Gnostiques face à la multiplication des intermédiaires qu'ils défendent dans leur approche de l'immanence et de la transcendance ? Quelle est dans ce cadre-là la pertinence de la solution apportée par le Logos plotinien ? Plotin lui-même n'a- t-il pas tendance à multiplier les logoi dans sa représentation du réel ? Ne peut-on pas, dans de telles conditions, lui adresser le reproche qu'il fait à ses adversaires gnostiques ? Quel est, par ailleurs, le statut du Logos du Prologue de l'Évangile de saint Jean face à cette question cruciale des intermédiaires ou de la médiation ? En quoi la mise en perspective du Logos et des logoi de Plotin par rapport au Logos de saint Jean est-elle justifiée historiquement et philosophiquement ? Jusqu'à quel point les solutions apportées par le philosophe et le théologien sont-elles, l'une et l'autre, légitime et stimulant ? Telles sont certaines des questions auxquelles le présent ouvrage se propose de répondre. Le lecteur ne pourra qu'être émerveillé par la subtilité des chemins parcourus, à ce sujet, par chacune des deux figures de la pensée antique.
Il pourra également prendre connaissance des raisons pour lesquelles un philosophe grec, tel qu Amélius, disciple direct de Plotin à Rome, propose une exégèse précise du Prologue de l'Évangile de Jean et une interprétation philosophique du Logos johannique, alors que Plotin n'en éprouve pas le besoin. Quelles sont les raisons qui poussent Plotin à ne pas se pencher sur le Logos du Prologue de Jean qui pouvait également lui offrir une solution utile et intéressante à ce problème de la séparation ? Enfin, on pourra mesurer et apprécier, à travers les critiques adressées par Augustin à Apulée et à Porphyre, la ligne de partage qui sépare le christianisme du platonisme au sujet de la question fondamentale de la médiation.