La mère : On va déménager ta soeur, mon petit canard ! Son rouge à lèvres. Il faut déménager dans une pièce plus lumineuse, ce sera plus confortable pour son piano. En parlant de piano, sais-tu où elle a mis sa trousse de toilette ? Il faudrait prendre son rouge à lèvres, écrire un mot sur le miroir pour qu'elle n'oublie pas ses partitions de piano, on est mardi aujourd'hui. Où est-ce qu'elle a pu mettre ce rouge à lèvres ? On lui demandera quand elle rentrera tout à l'heure mais je parie tout ce que tu veux qu'il est sur elle. A croire qu'elle est née avec... Où est-ce qu'elle a foutu son sac à main ? Faut déménager, mon canard, cherche ! Faudrait pas manquer l'odeur de ses baisers sur les caisses en carton, ça n'aurait aucun sens...
La mémé : Quel gâchis... Quelgâchis...
Le petit frère : Si ça commence comme ça, je sais pas trop comment ça va terminer, cette histoire. C'est pas parce qu'elle est morte qu'on peut commencer comme ça à fouiller son sac à main. T'imagines, maman, si Juliette elle se réveille et qu'elle monte les escaliers, qu'est-ce qu'elle va penser ? Qu'est-ce qu'elle va penser de toi, là, comme ça qui rit et qui fouille ses affaires ? Elle va se pendre à nouveau, je te le dis tout de suite. C'est toi qui t'en occuperas cette fois-ci, moi il est hors de question, j'aurai pas les réflexes.
Tout commence par un suicide. Celui de Juliette, vingt ans.
Son petit frère en fait la macabre découverte.
L'ambulancier appelé sur les lieux ne peut rien faire d'autre que constater le décès et appeler les pompes funèbres.
Mais une tempête de neige s'abat sur la ville : les pompes funèbres n'arrivent pas et tout semble se figer autour de ce corps qui ne peut plus apporter de réponses aux inépuisables questions de ses proches.