À une époque où les possibilités éditoriales connaissent un puissant renouvellement, il a semblé opportun de
lancer, ou de relancer, le débat sur la notion d'oeuvres complètes. En effet, l'édition d'oeuvres complètes est par excellence une édition critique, qui par ses choix (dans la délimitation, la présentation et l'annotation du corpus) repose sur un certain nombre de présupposés - qu'ils soient scientifiques, esthétiques ou culturels. En lien avec l'histoire de la lecture et l'essor de la « nouvelle bibliographie », la sociologie des textes a souligné combien la forme matérielle des écrits, de leur transmission et de leur publication déterminait leur action et même leur signification. Elle a invité, notamment, à distinguer le texte de l'oeuvre, considérant que c'est à l'oeuvre que les lecteurs ont accès, oeuvre qui intègre la manière dont tel texte nous est transmis, que cette manière coïncide ou non avec le projet de l'auteur. La problématique des oeuvres complètes prend dans cette perspective un relief évident, qui se nourrit d'un dialogue entre théorie et praxis. Le présent volume souhaite interroger les choix théoriques dont témoignent diverses éditions d'oeuvres complètes d'auteurs des XVIe et XVIIe siècles.