Tremblez, citoyens! Délocalisation, financiarisation, déclin de la France, dette de l'État, fin programmée du «modèle social», rien n'est plus garanti. Les emplois seraient «forcément» précaires.
L'emploi instable dessine-t-il le modèle de demain? Nombreux sont ceux qui le pensent, et les libéraux ne sont pas les seuls. Un large consensus existe autour de l'idée qu'il faut accepter l'instabilité de l'emploi et la compenser par des mesures qui «sécurisent» les travailleurs entre deux emplois. Chacun y va de son appellation: «flexi-sécurité» ou «flexicurité», «sécurité sociale professionnelle», «sécurisation des parcours professionnels» ou bien encore «formation tout au long de la vie». La CGT et la CFDT promeuvent ce type de dispositif, de même que le Parti socialiste. Nicolas Sarkozy n'est pas en reste. Entre les conceptions des uns et des autres, d'importantes différences existent. Néanmoins, elles ont un parfum commun. La «trouvaille» suscite un engouement d'autant plus fort qu'elle permettrait de supprimer le chômage: sur le papier, un sans emploi en formation n'est en effet pas chômeur. Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt?
Mais que vaut une formation si elle ne débouche pas sur un emploi? Si l'emploi vient à manquer, ne risque-t-elle pas de tourner à vide? Le libéralisme est porteur d'un projet global. On ne peut se contenter d'une astuce pour lui répondre. C'est en creusant le sillon de l'État social, en réhabilitant l'intervention publique, que l'on pourra lui opposer une alternative cohérente.