La déconcertante parade langagière du Tiers Livre marque l'inflexion du roman vers la fantaisie, des boniments aux contorsion exégétiques en passant par des fragments de discours accrédités. Des uns aux autres, circule, sans s'y fixer, le sens agile, produit du travail du texte et de l'interprétation téméraire qu'il requiert. Irréductible aux sermons comme aux pitreries, il tire de l'erreur des étincelles de vérité, régénère les sentences par l'ironie, entre doute et gaîté, sagesse et déraison. Cet essai se propose d'en décrire la logique insolite, d'en suivre les échappées vers des parages hétérodoxes de la spiritualité de la Renaissance, et surtout d'y faire apparaître, textes et structures à l'appui, les audaces philosophiques du rire de François Rabelais.