On connaît peu les comportements et résultats en mathématiques des enfants des classes populaires, en ces échelons primaires, essentiels quant à la suite de la scolarité... Ce sont les processus d'apprentissage, interrogés dans leur déroulement concret, qui nourrissent la réflexion proposée ici. Une enquête menée au cours moyen 2e année, dernière classe du primaire, dans un quartier ouvrier de Nantes, mais aussi une expérience de quinze années comme institutrice en ces mêmes lieux permettent à l'auteur de poser des questions croisées ; quel degré de réussite ou d'échec en tous domaines du français et des mathématiques ces enfants connaissent-ils ? On ne peut séparer complètement apprentissage des mathématiques et apprentissage du français, les deux utilisant à des niveaux et selon des modalités différents le langage... Quelles maîtrises linguistiques et opératoires peut-on lire en ces résultats ? Quel accès la culture ouvrière portée par la famille ménage-t-elle à ses enfants en ses matrices linguistiques et cognitives, en ses modes de socialisation, en ses usages sociaux du numérique, du logique, du géométrique ?
La démarche ici proposée est celle de la sociologie classique, puis de l'approche culturaliste s'ouvrant à des interrogations plus larges, au croisement d'autres disciplines et autour de l'anthropologie, de l'oralité et de la scripturalité.