Pour l'élève le professeur ne dit-il
pas «la vérité» ? Si la société assigne
ce rôle à l'école, l'institution scolaire
ne doit-elle pas en explorer toutes
les conséquences ? La question
concerne les disciplines - le professeur
d'histoire enseigne-t-il la vérité ? et le professeur de
mathématiques ? - c'est donc une question épistémologique.
Mais enseigner la vérité pose aussi des problèmes pédagogiques
et déontologiques. Comment face aux élèves situer
la recherche de la vérité de l'École républicaine ? Faut-il
l'opposer à la liberté d'opinion et de croyance de chacun ?
Ce livre parcourt d'abord quelques moments forts où, de
la Grèce antique à l'École de la République en passant par
les collèges de la Monarchie, ont été mis en scène des régimes
de vérité, d'une vérité souvent présentée comme absolue.
Puis, l'histoire et la pensée du XXe siècle semblent relativiser
toute connaissance, relativisme aggravé par la crise générale
de la transmission. Si, aujourd'hui, l'école souhaite reconstruire
une légitimité de la transmission des connaissances,
elle doit instaurer, dans la classe, la recherche constante de
la vérité mais aussi la défiance critique face à ses affirmations
absolues et excluantes.