«Les filles sont de lamentables et hagardes épaves, en pull-overs
déformés, qui dansent entre elles sur le sol de briques.
Les consommateurs, s'ils racontaient à Paris l'histoire de leur vie,
feraient pâlir d'envie le plus extravagant des scénaristes de films
d'aventures. Mais ici les faits sont dépouillés et simples, comme
seule la réalité sait les façonner.»
C'est en 1934 qu'Ella Maillart (1903-1997) voyage en Mandchourie
avec sa plume et son Leica. Elle est l'envoyée spéciale du Petit
Parisien au Mandchoukouo, empire récemment créé par les Japonais.
Son regard de «blanche» observe ici avec humour, là avec
perspicacité, les haines de races, la modernisation galopante d'une
région, les enjeux de pouvoir entre Japonais, Chinois, Mandchous et
Russes. Toujours avec elle priment les faits, «dépouillés et
simples».