L'épilepsie, dans sa forme aiguë, peut générer des réactions de
dégoût, voire de peur, dans l'entourage du malade, et une mise en danger
physique et sociale de ce dernier. L'aspect du malade après une crise
suscite des représentations évoquant la mort et les craintes d'accident
font également de cette maladie un handicap au quotidien. Ces diverses
représentations sont à l'origine d'un isolement du malade au sein de la
société.
Alors qu'en Europe, aujourd'hui, les malades participent plus facilement
à une vie sociale en suivant un traitement approprié, dans certaines
régions africaines ils ne bénéficient pas de médicaments anticonvulsifs.
Il a par ailleurs été démontré que les modalités d'exclusion varient selon
les époques, les sociétés mais aussi les familles, et d'autre part qu'elles
ne doivent pas être envisagées sans prendre en compte les possibilités
d'intégration sociale, y compris dans le cas d'absence de traitement. Ce
constat permet de redonner de l'importance au rôle de la relation sociale
dans l'intégration des malades épileptiques.
Ce travail anthropologique de terrain en milieu rural bambara, au
Mali, repose sur des entretiens avec les malades, les familles, les divers
soignants et la population. Il rend compte de la dimension sociale et
culturelle à travers laquelle l'exclusion liée à la maladie est nuancée
dans ses représentations et pratiques. L'auteur étudie le phénomène
dans un pays où les savoirs ancestral, coranique et occidental guident
les repères et les représentations des gens au quotidien. Ces savoirs institués,
relatifs à l'épilepsie, sont réinterprétés à travers des histoires de
malades. Cet ouvrage permet enfin de comprendre le rôle de l'anthropologie
médicale dans un programme de prise en charge thérapeutique en
milieu rural.