L'épopée de Ndiadiane Ndiaye a été recueillie en janvier 1989 à Rosso-Sénégal, dans le Walo, auprès d'un griot wolof, Cheikh Niang. Cette épopée est une réécriture de l'épisode biblique relatant le déluge. Cette incorporation d'un texte fondateur de l'Ancien Testament dans un récit épique s'est opérée par le truchement d'un islam prosélyte et conquérant. Le mythe de Cham sert de point de départ à la généalogie de Ndiadiane Ndiaye, le fondateur de la nation wolof. La geste qui raconte la vie et les actes d'El Hadj Omar, très connue en Afrique de l'Ouest ainsi qu'au Moyen-Orient et au Maghreb, a été recueillie à Rosso-Sénégal en juillet 1997 auprès de Birahim Thiam, un bijoutier toucouleur originaire du Fouta.
Ces épopées prennent place dans la vallée du Fleuve Sénégal, au confluent de trois cultures: l'africaine, l'arabo-islamique et l'européenne. Les deux textes épiques donnent au lecteur des renseignements utiles sur la configuration géographique et sur le paysage de la vallée du Fleuve Sénégal. Tous les ingrédients qui constituent le fondement de l'épopée sont convoqués ici: tribulations, voyages, bravoure, guerres et combats, etc. Le mythe, quant à lui, mélange les espaces, les temporalités et les destins croisés des humains et des dieux. La déclamation de l'épopée joue un rôle très important quant à l'identité collective de l'auditoire; la représentation de l'épopée s'inscrit donc en droit fil dans l'imaginaire collectif et assure une certaine cohésion sociale tout en renforçant la conscience historique et culturelle du groupe.