Pontus de Tyard (1521-1605) incarne le courant humaniste français. Polygraphe, il compose, outre son importante oeuvre poétique, des traités scientifiques, plusieurs dialogues philosophiques, et il publie en 1551 la première traduction française des Dialogues d'amour de Léon Hébreu, un texte majeur pour le néoplatonisme de la Renaissance. En 1549, la parution des Erreurs amoureuses - qui sera suivie d'une Continuation (1551) et d'une Tierce partie (1555) - marque l'entrée de Tyard sur la scène littéraire, et ce recueil est tout aussi fondateur pour le pétrarquisme français que L'Olive, publiée en mars de la même année par Joachim Du Bellay. De fait, c'est le second canzoniere français à comporter des sonnets, et le premier - les Rymes de Pernette Du Guillet mises à part - à pratiquer une diversité formelle qui suit le modèle de Pétrarque. Profondément ancré dans le milieu littéraire et intellectuel lyonnais de son temps, le recueil des Erreurs amoureuses révèle tout autant l'influence de Délie de Maurice Scève que celle des théories du philosophe Léon Hébreu. Pourtant, la poésie de Tyard ne se résume pas à la célébration d'un amour éthéré, nimbé de platonisme mondain, et de nombreux aspects la distinguent de la production littéraire de son temps, sur un plan formel, générique, structurel, et thématique - avec notamment l'exploitation de la figure mythologique élégiaque d'Ixion, une persona singulière du sujet lyrique.