Ce livre est né d’un constat : la figure du maître « seul » dans sa classe est en train de s’effacer devant la multiplication des collaborations avec d’autres adultes pendant le temps scolaire. Comment ces collaborations mettent-elles à l’épreuve aussi bien l’activité quotidienne des enseignants que leur identité professionnelle ? Assiste-t-on à une véritable mutation du travail dans les écoles élémentaires et à une remise en cause de la polyvalence des maîtres ? Quels sont les enjeux à la fois scolaires, sociaux et politiques des changements en cours ? Un travail d’enquête approfondi auprès d’une centaine d’enseignants de huit écoles en milieu urbain apporte des réponses à ces questions en montrant comment l’activité du maître compose désormais avec celle de différents partenaires : employés municipaux, professionnels extérieurs à l’école, parents d’élèves, aides éducateurs et collègues enseignants. Il explique pourquoi ces collaborations sont à géométrie variable, selon les intervenants, les relations avec le groupe classe, les domaines d’intervention et les savoirs qu’elles mettent en jeu. Échappant aussi bien à une apologie des innovations qu’à une critique générale des partenariats mis en œuvre dans les classes, l’ouvrage de Pascale Garnier témoigne de la très grande diversité des positionnements des maîtres. Il souligne aussi les tensions qui traversent chacun d’entre eux, pris entre le souci de rester le « référent » de sa classe et de lui apporter le concours de partenaires multiples et variés. Par là, il permet de cerner les difficultés et les richesses de ces collaborations dans l’exercice du métier d’enseignant et de clarifier les politiques éducatives qu’elles engagent.