Si le titre ne laisse aucun doute sur la volonté d'échapper au genre romanesque, le sous-titre pourrait, à tort, insinuer que l'auteur s'adresse, et de manière un peu condescendante, à des lecteurs ne sachant pas tout à fait lire. En réalité, c'est en tentant, autant que faire se peut, d'épousseter ses narrations de leurs scories et redondances qu'il s'est surpris en train d'écrire, bien malgré lui, quelque chose s'apparentant aux livres de lecture courante de notre enfance.
On aura compris que les courts textes réunis ici ne sont pas pour autant destinés aux jeunes lecteurs : ils s'adressent à des adultes ayant peu de goût pour les histoires édifiantes et assez d'imagination pour ne pas attendre qu'on leur tienne la main. Dans ce livre, chacun voyage à sa guise.
Bien au-delà de l'esthétique ou de la théorie, l'effondrement du sens (ou sa multiplicité) dans un livre n'ayant ni réel début ni fin, et qui, de manière anarchique, pourrait, tout aussi bien, proliférer à l'infini, est ici la marque même de l'époque. Mais l'absence de tout lien entre ces pages, leur extrême liberté, leur densité, est aussi ce qui leur permet de briller d'une étrange lumière de quartz noir. Si, par ailleurs, le regard de l'auteur nous est si proche c'est qu'il est, essentiellement, celui d'un homme d'aujourd'hui.