Après Faits (Lecture courante à l'usage des grands débutants)
qu'il développe et amplifie, ce second tome, pas
plus que le précédent, ne laisse de doute sur la volonté de
l'auteur d'échapper au genre romanesque. Ce n'est pas
seulement parce que la fiction lui paraît trop logique et trop
sage, y compris dans ses outrances : elle reste, à ses yeux,
une manière ambiguë de détourner le regard. Ce livre
s'adresse donc à des lecteurs ayant peu de goût pour les
histoires édifiantes et n'attendant pas qu'on leur tienne la
main.
L'extrême diversité des thèmes abordés ici, la volonté de
regarder résolument autour de soi (comme en témoignent le
titre et les notes, inhabituelles dans un ouvrage littéraire), la
prolifération des chapitres, la liberté d'écriture, l'apparent
effacement de l'auteur lui-même laissent clairement entendre
que la littérature dispose d'un champ d'investigation
infiniment plus vaste qu'il n'y paraît. C'est ainsi qu'on passe
sans transition de la gare de triage de Drancy à la pianiste
Clara Haskil, du bon usage de l'automobile, en cas de rupture
d'une liaison amoureuse, à l'étrange odyssée de l'arbre
à papillons, échappé du Muséum d'histoire naturelle.
Bien au-delà de l'esthétique ou de la théorie, ouvrir ce livre
est donc une aventure et il n'est nullement paradoxal d'y
découvrir un suspense rappelant le roman noir : rien ne permet
au lecteur d'imaginer ce qu'il lira en tournant la page.