L'inexprimable, le rien, le vide semblent occuper
l'art contemporain depuis quelques décennies : des
monochromes de Klein aux corps virtuels du
cyberspace, l'ère est à l'immatériel, voire au spirituel.
Étrange tentation pour la technologie, que l'on dit
si matérialiste !
Plutôt que de suivre comme souvent la voie zen
pour décrire ce phénomène, l'auteur tente ici, non
sans succès, de faire revivre une très ancienne
physique, celle des stoïciens, et leur théorie des
«incorporels». Il est étonnant de constater à quel
point cette théorie s'ajuste au plus près des
manifestations artistiques actuelles, et combien elle
en pénètre le sens de manière intime. Elle ouvre aussi
sur la compréhension des structures mises en place
par la technologie du virtuel et en donne raison.
Penser selon les incorporels, les fréquenter, c'est
aussi comprendre ce qu'il en est de nos implicites
familiers, et des fragments de temps que nous
appelons «vie».