Un homme au destin exceptionnel, tel fut Gaston Monnerville, par sa spectaculaire
ascension sociale, par l'exemple d'intégration républicaine qu'il représente, par
le modèle de vie qu'il nous offre.
Descendant d'esclaves des Antilles, petit boursier de Cayenne, Monnerville
devint un avocat à l'éloquence éclatante, défenseur des victimes du racisme, radical-
socialiste épris des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. Député de la Guyane
puis secrétaire d'État aux Colonies avant la Deuxième Guerre mondiale, il s'implanta
ensuite dans le Lot et, pendant près de vingt-deux ans, présida le Conseil de
la République, puis le Sénat.
En octobre 1962, Gaston Monnerville s'insurgea contre la décision du général
de Gaulle de soumettre à référendum un projet de loi instituant l'élection du président
de la République au suffrage universel, jugeant la procédure contraire à la
constitution. C'est la raison pour laquelle il taxa de « forfaiture » - le mot fit
mouche - le Premier ministre Georges Pompidou. De Gaulle ne lui pardonnera pas
cet affront, et durant plus de six années, Monnerville dut effectuer sa « traversée du
désert ». L'avenir et sa « justice immanente » devaient finalement lui donner raison.
Professeur émérite d'histoire contemporaine, Jean-Paul Brunet retrace l'itinéraire exemplaire
de cet homme d'État dont la vie fut consacrée à la défense du droit et
qui apparaît comme une conscience de la République.