Gaz et pétrole en amazonie
Conflits en territoires autochtones
Avec plus de sept millions de kilomètres carrés, la forêt amazonienne est le nouvel El Dorado pour l'exploitation de pétrole et de gaz naturel. Cependant, cette forêt présente une richesse biologique unique au monde, par sa densité et la diversité des espèces qu'elle abrite. Elle constitue aussi le cadre de vie de centaines de peuples autochtones, dont les territoires se sont réduits comme peau de chagrin à mesure qu'avançait cette nouvelle forme de colonisation. Les impacts environnementaux et sociaux qui s'ensuivent sont à l'origine d'innombrables conflits opposant des entreprises parfois plus puissantes que des États, à des populations aux intérêts souvent sacrifiés par les politiques nationales de développement.
Ce livre traite particulièrement de conflits survenus en Équateur, en Colombie et au Pérou. Il aborde cinq dimensions souvent propres aux conflits environnementaux : la convergence du mouvement autochtone et de l'écologie politique, les logiques d'action rationnelles qui opposent les acteurs sociaux aux entreprises et à l'État, les processus de transformation identitaire à l'oeuvre, la participation des communautés et organisations autochtones dans la gouvernance énergétique et les tensions entre la conservation de l'environnement, l'exploitation pétrolière et l'administration de territoires autochtones.
Il démontre en particulier que l'évolution des pratiques de l'État et des entreprises pétrolières n'est possible que sous la pression continue de mouvements sociaux, dont la nature et les objectifs répondent aux critères d'identité, opposition et totalité déjà identifiés dans d'autres pays d'Amérique latine, comme le Mexique et la Bolivie.
La convergence des organisations écologistes et autochtones semble renforcer la capacité de résistance et de participation des communautés locales aux processus de décision. Toutefois, la diversité des situations montre que cette capacité n'est pas la même pour tous et qu'elle répond à des objectifs distincts, en fonction du degré d'organisation préalable, des antécédents des activités extractives dans l'environnement proche des intéressés et du rôle de l'État dans ces antécédents.