Genèses antiques et médiévales de la foi
Issu de deux colloques pluridisciplinaires qui se proposaient d'étudier les notions relevant du champ sémantique de la croyance religieuse, ce volume part du constat que ces termes sont le plus souvent équivoques, ce qui pèse encore sur les recherches en sciences sociales. Il fallait rendre à ces concepts leur historicité, et montrer comment la notion de foi se constitue progressivement au cours d'une histoire qui est faite d'allers et retours entre des champs intellectuels hétérogènes (de la logique à la religion, et de l'épistémologie à la politique).
Le platonisme innerve largement les réflexions du christianisme grec et romain, puis médiéval. Il porte une tension entre l'opinion et la certitude supra-rationnelle, qui est exploitée par les penseurs chrétiens, jusqu'aux théologiens scolastiques, pour insister notamment sur la dimension existentielle d'une certitude qui institue un lien privilégié avec le divin. Il s'agit de concilier la dimension communautaire et rituelle de la pratique religieuse et la tension individuelle vers la transcendance, qui est transmise à la modernité et définit encore largement le rapport au religieux dans nos sociétés.
This book collects together papers presented at two multi-disciplinary gatherings which sought to examine concepts belonging to the semantic field of religious belief. The collection sets out from the observation that the relevant terms are ambiguous and equivocal, and indeed that this ambiguity persists in the scholarly literature in the humanities. It is therefore important to historicise these terms adequately and to clarify their development and transformation over time. This involves a sustained engagement with key discourses - logic, history of religion, epistemology, political history - of significant intellectual heterogeneity.
Platonism fundamentally informs classical and patristic Christian reflections as well as the thought of their medieval heirs. It carries with it a tension between 'opinion' and supra-rational certitude which is exploited by Christian thinkers up to and including scholastic theologians. These thinkers insist above all on the existential dimension of a certitude which seeks to establish a privileged link with the divine. It involves the attempt to harmonise the ritual and social aspects of religious practice with the individual urge towards transcendence, a quest which has been bequeathed to modernity and still largely defines the nature of contemporary Western social engagement with religion.