Dix ans après la réunification de l'Allemagne, il est possible d'en établir un premier bilan, non seulement en termes d'équilibres économiques, sociaux et politiques mais aussi de transformation dans les relations entre les hommes et les territoires. La réunification s'est faite à marche forcée, par un alignement pur et simple de l'Est sur l'Ouest, dans le climat de confiance en l'avenir qui prévalait en 1990. Aujourd'hui, le désenchantement est grand et l'Allemagne rencontre de sérieuses difficultés d'adaptation. La réunification n'est pas seule responsable de ces problèmes, mais son coût (au moins pour les budgets publics) a restreint les marges de manœuvre face à l'usure du modèle de l'«économie sociale de marché».
L'ouvrage présente ce cadre général et donne une synthèse des controverses qu'a suscitées son évolution. Mais sa véritable originalité est de montrer les incidences spatiales de ces changements, qu'il s'agisse du territoire et de son peuplement, des conséquences de la réunification ou du rôle des villes. Le parallèle avec la France a conduit à privilégier certains éléments de différenciation entre les deux pays : permanence ou variabilité du territoire, droit du sol ou droit du sang, nature des relations villes-campagnes, rôle de l'armature urbaine dans l'organisation de l'espace, principes et mise en œuvre de l'aménagement. La structure fédérale de l'Allemagne apparaît en définitive comme un trait majeur, aux incidences multiformes, mais le long effacement de Berlin en a renforcé les effets : d'où la place importante que consacre l'ouvrage à la capitale de l'Allemagne réunifiée.