Saadi, né vers 1184 à Chiraz, capitale de la province du Fars - au sud de l'actuel Iran -, fut l'un des grands poètes et conteurs de son temps. Formé très jeune au soufisme, amateur de voyages et d'aventures, derviche qui vécut centenaire, il deviendra l'un des auteurs persans les plus lus et traduits à travers le monde.
Somme philosophique en vers et en prose poétique, le Gulistan ou Le Jardin des roses - son oeuvre majeure, aux côtés du Boustan ou Le Jardin des fruits -, écrit en 1258, rassemble les réflexions d'un personnage légendaire, nées de la plus pure tradition soufie, enrichies par l'expérience personnelle du poète. Près d'un millénaire plus tard, l'enseignement de Saadi, ennemi de tout fanatisme et des outrances de la piété, demeure l'un des joyaux de la littérature persane.
« Livre de délassement, de morale souriante et de longue vie, Le Jardin des roses est à chaque page un livre de plaisir et de surprises, celui d'un conteur épris du théâtre de la vie et de la saveur de chaque instant. Toujours actuel, toujours d'aujourd'hui, il fait revivre les temps lointains et si proches du XIIIe siècle. » Pierre Seghers
Les grands persans
« Au matin, lorsque l'intention de rentrer l'emporta, je vis mon ami qui avait rempli le pan de sa robe de roses, de basilics, d'hyacinthes et d'amarantes. Il projetait d'aller à la ville. Je lui dis : « Comme tu le sais, la rose du jardin ne dure pas. Il n'y a point la moindre fidélité dans les promesses des parterres, et les sages ont dit : « Toute chose qui ne dure pas ne convient pas à l'amour. »
- Mais alors, me dit-il, quelle serait la route à suivre, d'après toi ?
- Et si je composais, pour le plaisir des lecteurs et l'amusement des esprits, le livre du Jardin des roses ? Le vent de l'automne ne ravagera plus de sa violence les pétales, et les révolutions du temps ne changeront plus les douceurs du printemps en rigueurs d'arrière-saison. » »
« Jusqu'ici nul poète ne s'était attaché à établir, en langue française, une version intégrale, non expurgée, du Gulistan, une transposition la plus fidèle possible, qui soit à la fois au plus près du texte et en même temps revitalisée par la sève de la poésie. Semer à nouveau le grain de Saadi, lui être fidèle et le soigner dans la terre du temps pour qu'il redevienne moisson de sagesse et de poésie, offrir à tous le pain des rêves et de l'expérience, telle est aujourd'hui cette tentative poétique envers l'oeuvre d'un sage persan du XIIIe siècle - c'était hier ! » P.S.